Article : Barricade  

  Publié le :  01/09/2025

  Rubrique :  Odyssée

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Il est tellement lassé de voir les gens s’enfermer dans leur conformisme qu’il ne prend que rarement le temps d’expliquer l’origine de ce qui l’anime à son tour.

À ses yeux, le monde de demain — au sens propre comme au figuré — est appelé à renaître de ses cendres, et ceux qui l’habitent sont appelés à assumer autant qu’à être témoins d’une ère nouvelle, prévue depuis longtemps.

Alors, il assume et ne juge pas celles et ceux qui rêvent d’une grande famille, d’une maison, d’un canidé et de tout le confort. Car, quelque part, il aimerait lui-même être capable d’avoir cette aspiration et d’oublier totalement toute cette histoire.

Cependant, à ses yeux, la raison se doit d’emporter sur l’utopie, et la mission sur toute autre chose. Tout cela, il l’a compris — là encore — durant un rêve de sa jeunesse, et il sait depuis qu’il défendra ses adages autant qu’il les portera comme un étendard jusqu’à son dernier souffle.

Et pourtant, de ce rêve-ci, il parle beaucoup moins autour de lui. Pourtant, c’est celui qui le définit en tant que personne, là où le rêve de l’inconnu définissait son rapport aux autres.

Il se souvient qu’au début de ce rêve, il faisait sombre, et qu’il lui a fallu quelques instants pour comprendre qu’il était dans une voiture.

Dans la pénombre, entassés dans l’habitacle, il entrevoyait ses sœurs et un enfant qu’il ne connaissait pas : un petit métis, cinq ou six ans, qui n’arrêtait pas de remuer et de poser des questions.

— C’est quand qu’on arrive ?

Il se souvient que sa sœur aînée, visiblement à cran, se mettait à crier pour un rien.

Après une énième crise, il se rappelle que la plus jeune de ses aînées a raisonné l’enfant, qui s’est contenté dès lors de faire des grimaces en jouant au roi du silence.

Même s’il ne comprenait ni ce qui se passait, ni les raisons de la colère de sa sœur, ni même qui était cet enfant, il ne pouvait s’empêcher, dans l’obscurité, d’observer le moindre détail.

Au bout de quelques minutes, la lumière a commencé à revenir, et c’est à ce moment-là qu’il a compris qu’ils roulaient au pas dans un tunnel.

À la sortie, il se souvient avoir eu le choc de sa vie : une étrange ambiance, un ciel gris, compact comme jamais il n’en avait vu ; le paysage d’une ville en ruine, des immeubles à moitié détruits et souillés par la poussière ; cette même poussière noire et grisâtre qu’il n’arrivait pas à identifier, présente dans les moindres recoins.

Sorti de sa torpeur, il a pris le temps de regarder ses sœurs et se souvient avoir été choqué par leur apparence : délabrées, marquées comme jamais il ne les avait vues, portant des vêtements sales et troués par endroits.

L’enfant, lui, avait les mains noires comme du charbon, mais un grand sourire au visage ; l’espièglerie et l’innocence lui sortaient par tous les pores.

Il se souvient s’être perdu dans ses pensées en essayant de comprendre ce qui l’entourait, tandis que l’enfant faisait bonjour de la main à une foule qui errait le long de la route.

Beaucoup avaient, eux aussi, des vêtements troués, eux aussi étaient sales ; mais ce qui traumatisait, c’était leur regard hagard, sans émotion, braqué sur un horizon de poussière, au point de ne même pas voir le petit brun en train de s’arracher le bras pour saluer.

Au bout d’un moment, il se souvient que la foule, au bord de la route, était de plus en plus compacte, au point que la voiture roulait à nouveau au pas ; à nouveau l’enfant remuait et réclamait des bonbons ; à nouveau l’aînée pestait contre l’insouciance du petit :

— Espèce de sale gamin inconscient ! Tu as vu la merde dans laquelle on est ? Et toi, tu veux des bonbons ?! Si déjà tu as à manger ce soir, tu seras chanceux !

Il se souvient, là encore, d’une de ses sœurs s’interposant ; et, l’espace d’un instant, il jure avoir vu l’enfant profiter de la situation pour tirer la langue, avant de se mettre à sauter en chantant :

— Bonbon, bonbon, ma tata ne veut pas que je mange de bonbon !

Il se souvient avoir vu la portière s’ouvrir et, le temps de réagir, l’enfant tomber tête la première sur la route, dans un petit tas de poussière.

Dans la voiture, l’inquiétude se lisait sur les visages, jusqu’au moment où l’enfant s’est relevé en éclatant de rire, provoquant des sourires sur les visages des témoins autour… et le courroux suprême de l’aînée :

— Dépêche-toi de remonter dans la voiture !!!

Cette fois, l’enfant a planté les deux pieds dans le sol et s’est mis à hurler qu’il ne voulait pas partir. Il se souvient qu’une de ses sœurs a essayé de l’attraper, pendant que celui-ci se débattait au point de retomber les mains dans la poussière.

Il se rappelle que son aînée le fusillait du regard, lui demandant d’un ton cinglant de faire quelque chose.

Il se souvient avoir haussé les épaules, s’être levé de son siège et être descendu de la voiture.

Il se rappelle s’être retourné pour regarder ses sœurs, collectivement en pleine crise d’hystérie.

Il se souvient avoir pris conscience que, s’il les laissait, il ne les retrouverait pas.

Il se souvient avoir hésité un instant, puis avoir pris l’enfant par la main, et qu’ils ont tous les deux suivi la foule, laissant ses sœurs derrière lui.

Il n’avait aucune idée de l’endroit où il se trouvait, aucune idée d’où il cherchait à se rendre auparavant avec ses sœurs, et encore moins d’où menait cette route que la foule semblait suivre à perte de vue.

Il se souvient que l’enfant se fichait du décor sinistre et chantait à pleins poumons cette même chanson qu’il fredonnait lui-même dans son enfance :

Colchiques dans les prés,
Fleurissent, fleurissent.
Colchiques dans les prés,
C’est la fin de l’été.

Et avant même qu’il ne comprenne comment ni pourquoi, à son tour, il chantonnait, faisant aller et venir son bras en imitant une marche militaire, déclenchant instantanément un fou rire chez l’enfant. De tout le rêve, il se souvient que ce furent ses seuls mots.

Au bout d’un moment, aux grands immeubles délabrés ont succédé des bâtiments plus petits. Eux aussi semblaient mal en point, mais, contrairement aux immeubles, ils ne paraissaient pas prêts à s’effondrer à la moindre rafale.

C’est marrant comme, dans un rêve, on passe du statut d’acteur à celui de spectateur en une fraction de seconde. Il se souvient que c’est exactement ce qui s’est passé : il se revoit entrer dans l’un des bâtiments, l’enfant à la main.

Il revoit la foule s’interloquer devant une telle scène.

Il se revoit à l’extérieur, face à l’édifice, inquiet, se demandant s’il n’allait pas s’écrouler sur eux.

C’est marrant comme, dans un rêve, les spectateurs peuvent reprendre leur rôle d’acteurs soudainement : il se souvient que c’est exactement ce qui s’est passé. Il les a vus ressortir du bâtiment, les bras chargés, et, instantanément, il a repris sa place.

Il se souvient qu’il avait des boîtes de conserves plein les bras, qu’il ne tenait plus l’enfant par la main ; celui-ci marchait bien gentiment à côté, transportant une caisse pleine de nourriture et de sucreries.

Chaque jour qui passe, quand son prochain lui pèse, il repense à cette scène : il se revoit s’avancer vers la foule et distribuer la nourriture ; il se souvient de l’enfant l’imitant ; il se souvient du bien-être qu’il ressentait.

Il avait laissé derrière lui son cocon de protection, préférant inculquer le partage à un enfant plutôt que le protectionnisme et l’égoïsme.

Il avait choisi, pour eux deux, de laisser l’intérêt personnel pour se mêler à l’intérêt collectif, au milieu d’un chaos innommable.

Depuis ce jour, et du haut de ses croyances, il sait que, même si le pire du pire arrive à ce monde, ce monde se relèvera ; et, à ce titre, chacun est plus que jamais responsable de ce qu’il fait de sa part d’humanité, à travers les valeurs qu’il défend — ou non.

Au nom du monde et des valeurs que nous laisserons à nos mômes, et dont ils auront grand besoin — tant la tâche idéologique de leur époque sera grande, tant ce monde manque déjà de repères.

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  Section : Over Side

  Mots-clés : memo  memo au commencement  

Comme Déjà dit, il n’y a au premier abord pas de raison que mon personnel vienne s’entremêler a mon témoignage parce que c’est paradoxal d’aborder les thèmes de 7 milliards de personnes et de le ramener a son petit ego personnel ….

 

 

Au première abord je suis d’accord y’a pas de lien et j’irai même jusqu'à dire que c’est excentrique autant que égo centrique et pourtant à mes yeux non seulement les deux aspects sont lier mais aborder le personnel été un exercice nécessaire à la philosophie de l’exercice.

 

 

Mais qu’est ce qu’un exercice si ce n’est un mal nécessaire ( heuuu non j’ai pas tripper … ) ? et au final que cache le terme de philosophie ?

 

 

Science qui étudie les principes et les causesà un niveau abstrait et général.

 

 

Cette foi ci l’acte consisté a m’expliquer  et me définir au prêt des miens en tant que personne avant d’aller plus loin dans mon exercice

 

 

  • Pour leur rappeler qui est la personne qui parle et ses principes

 

  • Pour leur rappeler les causes , comment et pourquoi l’enfant, l’amis, l’amoureux, ce comporte avec eux comme il le fait au quotidien

 

  • Comment et pourquoi  de manière abstrait la petite fleur bleu c’est renfermer sur lui-même en même temp qu’il c’est mit à exacerber sont regard sur le monde

 

 

  • En quoi et pourquoi ses nuits l’ont guidé autant métaphoriquement que de manière concrète

 

 

  • En quoi et pourquoi j’ai créé l’alter ego de Mick et leur rôle propre a chacun dans son devenir

 

L’exercice ayant commencé il y’a maintenant plus de 2 ans il ne manque que son épilogue pour que ma tête ce sente entièrement libre de passer a autre chose et je dois dire qu’a ce petit jeux (celui du partage auprès des miens), j’ai essayer de défendre mes lumières et  j’ai perdu…

 

 

Un peu comme si c’était prévu et nécessaire à l’exercice… Une Odyssée cynique sans fin ou je suis Ulysse, Mon alterego Melo ce bon vieu Télémaque et les temp modernes notre Grèce Antique

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