On dit toujours que l’être humain a du mal à finir ce qu’il a commencé.
Mais on dit aussi qu’il se transcende quand ses limites finissent par imploser.
Humain, je le suis ; il n’y avait donc pas de raison que j’échappe à l’adage.
Bien entendu, c’était écrit, mais pour comprendre il me fallait prendre de l’âge.
Je me souviens que tout a commencé il y a environ dix ans.
J’ai senti le monde changer en l’espace d’un instant.
C’était un de ces jolis soirs d’été où l’on entendait au loin chanter le tonnerre.
C’est ce jour-là que j’ai senti, pour la première fois, monter en moi la colère.
J’ai senti monter la rage et mes larmes se sont mises à couler.
J’ai réalisé ce que disaient les présages sans même les avoir jamais étudiés.
J’ai pris conscience d’avoir brillé jusque-là par mon silence,
Et qu’il allait me falloir observer avant de parler si je voulais suivre la cadence.
Je n’avais pas non plus le droit de traîner, car déja etait donné le départ,
Symbolisé par un barbu frappant l’histoire avec des Boeing venus de nulle part.
J’ai vu la génération de nos grands-parents littéralement s’éteindre de peur,
Devant l’impérialisme américain, frappée en plein visage par la barbarie et l’horreur.
À cette époque, j’ai rencontré un de mes meilleurs amis.
Quand on se mettait à parler, le sujet central, pour moi, était souvent le sens de la vie.
Il m’a incité à écrire, il m’a même insufflé quelques très beaux thèmes.
Pendant qu’il rappait ses lyrics, moi je prônais le carpe diem.
Prêts à défendre des idées, nous pointions du doigt la société et ses torts.
Nous avons été des militants engagés quand Le Pen s’est imposé dans le décor.
Nous avons fait le contre-sommet du G8 à la veille de passer le bac.
Nous avons fait partie de la clameur quand Air Force One a touché le tarmac.
Quelques mois ont fini par passer et j’ai continué à écrire,
Des textes de plus en plus énervés sur le monde et son devenir.
Préoccupé par le tiers-monde, j’en oubliais le personnel,
Mais le soleil allait bientôt se lever et me faire prendre une sacrée gamelle.
À la seconde où j’ai franchi cette porte, j’ai senti qu’elle était juste là :
Une muse venait de s’incarner sans mettre sa tenue de gala.
Trop peu d’espace pour les apparences, c’était l’heure des vérités,
Et c’est dans ce contexte que j’ai appris à écrire, armé de ma sincérité.
C’est à ce moment-là que mes mots sont devenus sombres,
Comme si, dans mes sentiments, mes rimes laissaient apparaître une ombre.
Au final, tout était écrit et, dans cette histoire, j’ai joué le rôle d’auteur,
Rédigeant le plus prémonitoire de mes récits et craquant avant l’heure.
Autant de joies que de cris partagés, je me souviens de chacun de nos instants.
Je n’ai eu de cesse d’en profiter : il me fallait chérir le présent.
Mes mots arrivaient à voir l’amour mais, malheureusement, pas de futur ;
Pas facile de jouer le rôle du protagoniste quand on connaît la fin de l’aventure.
Un soir où le vent a parlé, il m’a dit qu’il était temps de choisir :
De croire ce que mon esprit avait raconté ou de tout faire pour garder son sourire.
J’ai refusé le message ; je ne pouvais pas le chasser de ma tête.
J’ai pris une feuille et un stylo noir : il était temps de mettre de l’ordre dans la fête.
À force de contrecarrer tous mes maux personnels, j’ai bien failli me détruire.
Quand Star Wars s’est terminé, j’ai vu s’effondrer mon empire.
Je suis parti vers les sommets pour chercher la force d’écrire quelques phrases.
Un nouveau Mick est arrivé quand un Cévenol est venu façonner le paysage.
Ma fragilité, ce jour-là, s’est confrontée à mes convictions.
Y’avait du bruit dans la vallée ; j’ai senti qu’il fallait que je rentre à la maison.
Il fallait que je me reprenne et, finalement, que je me décide à faire face.
Un phénix a le droit de disparaître tant qu’il garde l’idée en tête de renaître avec classe.
Les délaissés se sont exprimés, j’ai compris que je n’avais pas fait d’erreur,
Que j’avais besoin de me ressourcer pour qu’avec le temps se dissipe la douleur.
Le temps de faire couler de l’eau sous les ponts et de réfléchir sur ma vie,
Après le récit de ces vers, faire le point sur ce qui était déjà écrit.