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- L'arraignée
- Coeur Pléiadiens
- L'ordre Des Choses
Dans une marche, arrivé à un certain point, forcément on prend cinq minutes pour regarder en arrière. C’est ce que j’ai ressenti le besoin de faire à ce moment-là de ma marche aux étoiles.
Dans un premier temps, j’ai repensé aux années autour de ma majorité.
Dans ma comparaison entre la vie et le cosmos, on pourrait considérer ce moment comme celui où une comète s’éloigne de son amas d’origine pour prendre sa propre orbite.
Pour moi, ça correspond à ma rencontre avec Chikito, mais aussi avec celui que j’appelais affectueusement Bou : mes deux frères — le premier de vie et de cœur, le second d’idéaux et de bataille. Ça correspond aussi à la période où j’ai rencontré Bilou, retrouvé Milou et fait la connaissance de Mayo, que pourtant je côtoyais depuis un bail.
Sur un laps de temps de quatre ans, on a formé le premier amas de route que j’ai croisé, avec ses histoires d’amitié, de cœur et de rancœur, comme seuls les êtres humains — et leurs orbites croisées — en ont le secret.
Ça a commencé lors de ma rentrée en première, en septembre 2001. J’allais sur mes dix-huit printemps quand les deux tours sont tombées.
Personnellement, j’ai été marqué par ce que j’ai vu au JT, même si, déjà à l’époque, mes doutes sur la véracité du scénario prenaient le pas.
C’est à ce moment précis que j’ai croisé Bou, et notre amitié s’est formée autour des cendres du World Trade, qui nous ont servi d’élément de rassemblement.
En avril de l’année suivante, le Front national arrive au second tour. Boubou débarque en cours, une paire de lunettes noires sur le nez, en proclamant qu’il a honte d’être français.
À cette occasion, on a bravé le pavé ensemble pour la première fois : un certain 1er mai 2002.
Milou a fait son collège avec moi, Bilou était dans mon lycée auparavant, et Mayo dans la même classe que moi les deux années précédentes. C’est cette année-là que nous sommes devenus amis, en suivant les cours d’italien de Signore Tondo.
Je me souviens du jour où Tondo nous a passé un live de Pavarotti pour nous initier aux grands chanteurs italiens. Quelle ne fut pas notre surprise de tomber sur un duo… avec les Spice Girls, ce girls band qui avait traumatisé le Top 50 quelques années plus tôt.
J’entends encore Mel C hurler « Welcome everybody ! » ; je les revois se dandiner sur scène avec le baron Luciano, la petite voix de Posh (la future Mme Beckham) et Mel B face à la voix du colosse.
Je revois, à chaque fois, les yeux ronds de Bilou et Milou ; je revois Boubou frapper frénétiquement la table en se bidonnant ; et Mayo supplier qu’on l’achève.
Je crois que c’est de là qu’est partie notre amitié. On a passé les trois années suivantes tous ensemble, jusque pendant nos vacances, à partir du moment où on a vu le clair de lune sur Agathe et Sophie pour la première fois.
Tant de fous rires… mais déjà des conflits d’intérêts, des histoires d’attirance, des amitiés mises face à face au sein du groupe. Le temps — ce même temps — a rajouté d’autres protagonistes : Zaza, l’Ancêtre, Nono, mais surtout Ju, devenue la copine de Milou.
Il y a toujours un moment où un ami présente son ou sa conjoint·e aux siens. En face, on jauge. En général, ça se passe bien, mais on se demande forcément si la personne convient à notre ami.
Avec Ju, je n’ai pas eu besoin de ça : j’étais là le jour où ils se sont mis ensemble, dans notre QG nocturne (Vieux Man’s, je te salue). J’ai vu Milou veiller sur Ju, et Ju s’endormir sur Milou. Ça m’a fait rire, et j’en rigole encore dix ans plus tard en repensant au soir où mon amie s’est mise en couple avec son futur mari.